TRAUMATISM CRÂNIEN = COMMOTION CÉRÉBRALE
Définition
La commotions cérébrale ou traumatisme craniocérébral (TCC) est un processus physiopathologique complexe induit par des forces biomécaniques qui affectent le cerveau avec comme conséquence des signes et symptômes physiques et des dysfonctionnements neurologiques.
Un coup direct à la tête, au cou, au visage, ou à toute autre partie du corps avec une force transmise à la tête peuvent être en cause.
LE CERVEAU
Le cerveau humain pèse environ 1,3 à 1, 4 Kg et représente 2% du poids du corps; il a l’apparence d’un petit chou-fleur. Le cerveau forme la partie principale de l’encéphale, qui comprend aussi le cervelet et le tronc cérébrale. Il est composé de deux hémisphères et du diencéphale.
Le cerveau est l’organe le plus complexe du corps humain, c'est le centre de contrôle et de commande, car il est le siège des fonctions supérieurs cognitives et végétatives. Le cerveau comprend un réseau d’environ 100 milliards de neurones, les unités fonctionnelles du cerveau, qui ont la capacité de répondre aux stimulations, les convertir en impulsions nerveuses et de les transmettre.
LES CELLULES DU CERVEAU
On distingue deux types de cellules dans le cerveau: Les neurones et les cellules gliales
1. Les Neurones : les unités fonctionnelles du système nerveux qui assurent la transmission des influx nerveux. Le neurone est composé d’un corps contenant un noyau et de deux types de prolongements : les dendrites et les axones.
2. Les Cellules Gliales : des cellules de soutient qui entourent les neurones. Elles assurent le maintien de l’homéostasie, l’équilibre ionique, la régulation du débit sanguin, la sécrétion du liquide céphalorachidien (LCR), la production de myéline ainsi que la défense immunitaire du système nerveux central (SNC).
LES AXONES
Les axones sont des prolongement longs et minces émanant des corps des neurones qui assurent la transmission des signaux bioélectriques. Ils ont des structures très fragiles et facilement lésées suite à un traumatisme. Ces lésions axonales se traduisent par deux phénomènes :
Des déchirures qui perturbent la communication des neurones
La libération de toxines qui cause la destruction d’autres neurones
LES TROIS SYSTÈMES DE PROTECTION DU CERVEAU
Le cerveau bénéficie de trois systèmes de protection :
Les os de la boîte crânienne qui le protège contre les chocs.
Les trois membranes ou trois méninges qui enveloppent le cerveau et le protège contre les blessures et les infections. La dure-mère est la plus épaisse, l’arachnoïde qui tapisse la face interne de la dure-mère, et la pie-mère qui tapisse la surface du cerveau.
Le liquide céphalorachidien (LCR) qui agit comme isolant et amortisseur contre les chocs. Le LCR est présent dans l’espace subarachnoïdien (entre l’arachnoïde et la pie-mère) et le long de la colonne vertébrale.
LA COMMOTION CÉRÉBRALE
Le cerveau a une consistance qui ressemble à une gelée qui le rend très vulnérable au choc externe. Le crâne le protège contre les traumatismes externes mais n’absorbe pas l’impact des forces. Durant une commotion cérébrale, le cerveau est secoué, il tourne et rebondit. Cela peut occasionner une collision entre le cerveau et ses méninges avec le crâne menant à des dommages aux tissus cérébraux, des dégâts neurologiques et une altération des fonctions cérébrales.
Les lésions axonales se traduisent par des changements dans la concentration des ions qui causent une perte du potentiel de membrane et de la conduction nerveuse. La sévérite de cette perte varie de faible 5% à sévère 50% ou plus selon la sévérité du traumatisme. Une perte du potentiel de membrane égale à 10% ou plus est généralement considérée endommageant au tissue du cerveau.
LES CONSÉQUENCES IMMÉDIATES POSSIBLES SUITE À UNE COMMOTION CÉRÉBRALE
Enflure, œdème et pression intracrânienne élevée; hématomes intracrâniens, épanchements de sang dans les espaces méningés, accumulation de LCR dans les tissus du cerveau.
Microdéchirures des fibres reliant différentes régions du cerveau; lésions anatomiques du cerveau, au niveau de l'impact.
Déséquilibre chimique (ex. entrée massive d’ions de calcium dans les cellules).
Hyperexcitation des neurones: maux de tête, convulsions, troubles moteurs, nausées, pert de connaissance.
Diminution de l’oxygénation cérébrale.
Diminution de glucose.
Déséquilibre métabolique.
Inflammation du tissu cérébrale.
Répercussions sur le plan musculosquelettique: ex. déplacements ou entorses au niveau des vertèbres, fractures ou autres lésions ou déchirure ligamentaire.
Symptômes physiques et dysfonctions neurologiques.
LES QUATRE CATÉGORIES DE SYMPTÔMES DES COMMOTIONS CÉRÉBRALES
Les signes et symptômes d’une commotion cérébrale sont variées et dépendent de plusieurs facteurs incluant la sévérité du traumatisme et l’âge de la personne atteinte. On peut les résumés dans quatre catégories générales :
Signes Physiques : perte de conscience, convulsions, étourdissements, désorientation, maux de tête, douleur au cou, nausées et vomissements, perte de l’équilibre, maladresse physique, difficulté à maintenir sa posture, vision flou ou double, regard hagard, sensibilité aux bruits
Fonctions Cérébrales : impression d’être dans la brume, troubles de jugement, difficulté à penser clairement, troubles de concentration et de mémoire, paroles lentes ou oubli des mots
Affections Émotionnelles : irritabilité, nervosité ou anxiété, tristesse inhabituelle
Trouble du Sommeil : somnolences, excès de sommeil, difficultés à s’endormir
Dans une grande majorité des cas, les personnes atteintes de commotions cérébrales se rétablissent assez rapidement. Mais dans certains cas les symptômes peuvent durer plusieurs jours ou semaines ou même plus longtemps
Les personnes plus âgées et les enfants en bas âges généralement ont besoin de plus de temps pour se rétablir, ainsi que les personnes ayant subis une précédente commotion cérébrale ou plus dans leur passé
Toutes les commotions cérébrales doivent être prises au sérieux et la personne atteinte doit rapidement consulter à l’urgence pour les soins nécessaires. L’imagerie médicale et autres tests de dépistage (IRM, PET, TDM…) peuvent s’avérer nécessaires pour chercher la présence d’un caillot de sang ou d’un hématome dans le cerveau
LE SYNDROME POST-COMMOTIONNEL (SPC)
Le SPC est défini comme la persistance de symptômes (maux de tête, fatigue, anxiété, troubles cognitifs, émotionnels, ou de mémoire…) plusieurs semaines après un traumatisme crânien. Environ 40% - 80% des personnes atteintes de commotions cérébrales souffrent d’une forme ou autre de SPC et dans 10-15% des cas les symptômes peuvent persister au-delà d’un an.
LA PHARMACOPÉ CONVENTIONNELLE POUR TRAITER LES COMMOTIONS CÉRÉBRALES
Le repos complet physique et mental est généralement nécessaire à la guérison. De plus, un ou plusieurs des traitements suivants pourraient être conseillés, selon les cas:
Analgésiques ou narcotiques – douleurs et maux de tête persistants
Anticonvulsifs – maux de tête, convulsions
Antidépresseurs – douleurs persistantes, troubles de personnalité
Bêtabloqueurs - inhibiteurs calcique ou dérivés de l’ergot pour les maux de tête
Anti-inflammatoires non-stéroïdien – inflammation, douleurs générales
Anti-inflammatoire stéroïdien ou calmants – douleurs intenses et persistantes
Autres
RÔLES POSSIBLES DES INTERVENTIONS NATUROPATHIQUES
Le traitement des commotions cérébrales a pour but de minimiser les dégâts, d’accélérer la guérison, de minimiser le risque de séquelles persistantes (SPC) ainsi que de soulager les symptômes. Pour cela un suivi médical rapide est absolument nécessaire pour diagnostiquer la commotion cérébrale et assurer les premiers soins d’urgence nécessaires
Toutefois, les interventions naturopathiques ont leurs places à côté des thérapies allopathiques car selon plusieurs recherches scientifiques, elles peuvent jouer un rôle important dans le soulagement des symptômes, la guérison ainsi que dans la prévention de séquelles indésirables. Ainsi, les suppléments naturels suivants ont démontré, selon les recherches scientifiques, des actions bénéfiques.
1. NUTRACEUTIQUES
Créatine (Cr): une diminution du taux de créatine dans le cerveau peut être observée par résonance magnétique dans les jours suivants une commotion cérébrale. Selon certaines études scientifiques, La créatine a la capacité de protéger le cerveau contre les dommages neurologiques en plus de participer à sa homéostase énergétique.
Oméga-3: une diminution de l’acide docohexaénoïque, (DHA) neuronal, un acide gras essentiel polyinsaturé qui est un constituant principal du cerveau, est observé suite a un traumatisme crânien. Selon plusieurs recherches, La DHA protège contre la neurotoxicité de certaines molécules inflammatoires et oxydatives, aide à préserver la myéline en plus de son un effet anti-inflammatoire
Quercétine: un flavonoïde dérivé de plusieurs fruits et légumes, elle a des propriétés anti-inflammatoires et antihistaminiques.
N-Acétylcystéine (NAC): la NAC est un agent neuroprotecteur, vasculoprotecteur et antioxydant. Une étude scientifique sur des souris a trouver qu’elle a la capacité de réduire la sévérité des symptômes de commotions cérébrales surtout sur les plans auditifs, vestibulaires et cognitifs.
Vitamine D: la vitamine D a des propriétés neuroprotectrices et selon plusieurs recherches scientifiques, une supplémentation suite à une blessure crânienne traumatique pourrait avoir des effets avantageux.
Mélatonine: hormone endogène produite par le corps, la mélatonine est sécuritaire et généralement bien tolérée sans effets secondaires néfastes dangereux. Elle pourrait être un candidat idéal pour soulager les troubles de sommeil et autres troubles psychologiques.
Progestérone: selon deux études indépendantes randomisées, la progestérone administrée 6 heures ou plus à des patients suivant un traumatisme crânien modéré à sévère offre des effets bénéfiques pouvant être mesuré avec le ‘Glasgow Coma Scale’ (GSC).
2. PHYTOTHÉRAPIE
Curcuma longa (curcumine): les acides gras insaturés des cellules cérébrales sont très vulnérables au stress oxydatif et à la péroxydation dû à l’augmentation des radicaux libres (ex. espèces réactives oxygénés ou ROS) après une commotion cérébrale. la curcumine, molécule bioactive du curcuma, a des propriété antioxydante et anti-inflammatoire.
Resvératrol: le polyphénol présent dans certains fruits (raisins, mûres…) est reconnu pour ces propriétés antioxydante. Une supplémentation peut être utile pour combattre contre les radicaux libres et molécules inflammatoires formés suite à une commotion cérébrale en réduisant les ROS et l’inflammation.
Ginkgo biloba: ses principes actifs sont principalement des flavonoïdes qui ont des propriétés antioxydantes et des lactones terpéniques (ginkgolides et bilobalides) qui favorise une bonne circulation sanguine. Le ginkgo peut donc améliorer le flux sanguin cérébrale et aider la guérison. Mais Du fait de ses propriétés anticoagulantes il faut s’assurer qu’il n’y a aucun danger de saignement suite au traumatisme crânien avant son utilisation et ne pas l’utiliser que environ 2 semaines après l’incident.
Thé vert: grâce au flavonoïde epigallocatechin-3-gallate (EGCG), à l’acide aminé L-théanine, et à la méthylxanthine qu’il contient, le thé vert a un pouvoir neuroprotecteur et antioxydant.
Panax Ginseng: panax vient du grec et veut dire ‘cure tout’. Le panax contient des triterpèns glycosides, la ginsenoside, qui est anti-inflammatoire, neuroprotecteur et neurorestoratif. Le panax aide à protéger les fonctions de neurones.
3. HOMÉOPATHIE
Une étude randomisée sur 60 patients a conclu que les traitements homéopathiques peuvent être utile pour adresser les symptômes persistants après un traumatisme crânien léger. Selon l’association Homéopathique Britannique, les remèdes homéopathiques devraient accompagner les traitements médicaux d’urgence dès les premières minutes suivant un incident. L’Aconite 200 C, une fois par jour x 3 premiers jours est recommandé dès les premières minutes ou heures suivant tout traumatisme crânien. Ensuite, le choix de traitement ainsi que la dilution des remèdes (variant entre 30C et 200C) sera adapté selon les symptômes ressentis, voir tableau ci-dessous.
4. MÉDECINE TRADITIONNELLE CHINOISE (MTC)
La MTC nous offres plusieurs outils qui pour soulager les symptômes résultants d’une commotion cérébrale ainsi que pour supporter la guérison. La pharmacopée de plantes médicinales traditionnelles et l’acupuncture sont deux de ces outils.
5. LUMINOTHÉRAPIE
Une étude randomisée d’une durée de 4 semaines, pour évaluer l’efficacité d’un traitement de la luminothérapie, a été effectuée sur des sujets souffrant de fatigue persistante suite à une commotion cérébrale. Les sujets ont été partagé dans 3 groupes de 10 personnes chaque:
Groupe 1 : 45 minutes/matin d’exposition à une lumière bleu à ondes courtes ((λmax = 465 nm, 84.8 ʯW/cm(2), 39.5 lux, 1.74 × 10(14) photons/cm(2)/s) à la maison
Groupe 2 : exposition à la lumière jaune à courtes ondes (λmax = 574 nm, 18.5 ʯW/cm (2), 68 lux, 1.21 × 10(12) photons/cm(2)/s)
Groupe 3 : aucune exposition (groupe de contrôle)
Résultats: la luminothérapie avec la lumière bleue a démontré des résultats efficaces pour améliorer la fatigue et la somnolence durant le jour suite à un accident crânien traumatique. Elle peut donc être considérée une alternative sécuritaire et sans effets secondaires néfastes.
6. REPOS COMPLET
Le repos complet (physique, intellectuel et social) est de rigueur pour favoriser une guérison plus rapide surtout que les ressources du cerveau en oxygène et glucose sont diminuées. Les études récentes indiquent qu’un repos complet dans les jours qui suivent une commotion cérébrale peuvent diminuer le temps de guérison à 2-3 semaines versus plusieurs mois chez ceux qui retournent trop rapidement à leurs activités.
Selon les résultats des imageries cérébrales effectuées, par l’Institut des Commotions Cérébrales à Montréal, sur des patients souffrant de commotions cérébrales l’enflure du cerveau est souvent évidente jusqu’à deux semaines après la disparition des symptômes.
Un repos complet veut dire un séjour à la maison dans un endroit calme sans ordinateur, téléphone intelligent ou tablette et sans participer à des activités physiques, intellectuelles ou sociales. Cette période de repos être maintenue au moins 1-2 jours après la disparition complète de tout symptômes.
7. AUTRES THÉRAPIES À CONSIDÉRER
Thérapies cognitivo-comportementales (cognitive behavioral therapy ou CBT)
Thérapies cranio-sacrée (cranial release therapy CRT)
Traitements chiropratiques ou ostéopathiques
Physiothérapie
Hypnose
SIGNES DE DANGER
Il faut consulter rapidement si vous remarquer un ou plusieurs des symptômes suivants :
Adulte
Maux de tête persistants et qui s’aggraves
Faiblesse, engourdissements, perte de coordination
Vomissements et nausées excessifs et continus
Troubles d’élocution
Somnolence, incapacité de rester éveillé
Pupilles inégales
Convulsions ou crises épileptiques
Ne reconnait plus des personnes ou des endroits
Comportements inhabituels, confusion, agitation, impatience
Perte de conscience (même de durée est très courte)
Enfant
Tous les symptômes des adultes, ci-haut, plus
Ne mange plus ou ne tête plus
N’arrête pas de pleurer
Oublie de compétences et d’apprentissages déjà acquis : toilette, langage, scolaire…
QUELQUES STATISTIQUES
La commotion cérébrale est très fréquente dans les sports de contact. Plus de 4 millions de cas de commotions cérébrales surviennent en Amérique du Nord chaque année suite à la pratique de sports ou d'activités physiques récréatives. Aux E.U. on compte 300,000 de commotions cérébrales annuelles chez les athlètes au niveau secondaire et selon Statistique Canada la commotion cérébrale serait l’une des principale causes de décès et de handicap chez les moins de 45 ans
Selon le CDC, LES CAUSES LES PLUS COMMUNES DE COMMOTIONS CÉRÉBRALES sont:
Chutes 50% (surtout chez les plus de 75 ans)
Coups/frappes 15% (surtout chez les 15-24 ans)
Accidents d’autos 14% (surtout chez les 5-24 ans)
Automutilation intentionnelle 31% (surtout chez les 25-64 ans)
CONCLUSION
Plusieurs facteurs sont nécessaires pour augmenter les chances d'une guérison complète et rapide d'une commotion cérébrale. Une consultation médicale imémdiate accompagnée des analyses pertinentes sont la toute première étape à suivre pour un diagnostic précoce et un recours aux soins médicaux d'urgences nécessaires. En parallèle, on peut avoir recours à plusieurs thérapies complémentaires pour aider à soulager certains symptômes et possiblement favoriser un rétablissement plus rapide.
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